La médiation animale

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La médiation animale

« L’animal ne se nourrit pas d’attentes idéalisées envers l’homme. Il l’accepte pour ce qu’il est et non pas pour ce qu’il devrait être ». B.Levinson

Présentation

Le terme de médiation animale est la nécessaire présence et action d’un intervenant (psychologue, éducateur, psychomotricien,..) appelé « référent » connaissant d’une part, la situation de la personne en difficulté, de ses troubles, de ses besoins, de son comportement, et d’autre part, les capacités et limites de l’animal pour orienter, seul ou avec l’appui d’un spécialiste de l’animal, la pratique lors des séances, appelé « Intervenant en médiation par l’animal » (GUY COURTOIS, président de la Fondation Pierre et Adrienne SOMMER).

Cette relation, au moins triangulaire , vise la compréhension et la recherche des interactions accordées dans un cadre défini au sein d’un projet. La médiation animale est donc un domaine en soi, celui des interactions Homme-Animal, au bénéfice des deux (chacun apporte ses ressources à l’autre).

La médiation animale intervient comme une aide supplémentaire dans la prise en charge globale (médecin, kiné, psychologue…) mais n’est pas un soin à elle toute seule. Là où parfois l’homme atteint certaines limites, l’animal peut apporter une nouvelle proposition intéressante, en jouant ce rôle de médiateur entre le professionnel et le patient.

La Fondation Pierre et Adrienne Sommer qui nous soutient sous forme de subvention a adopté le terme de médiation animale pour désigner la recherche des interactions positives issues de la mise en relation intentionnelle homme-animal dans les domaines éducatif, thérapeutique ou social, que l’on retrouve dans les institutions éducatives et médico-sociales entre autres.

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La médiation animale

Depuis l’Antiquité, les croyances populaires et les pratiques superstitieuses ont beaucoup impliqué les animaux dans les processus de guérison ou de protection des hommes.

La première expérience en milieu médical consistant à introduire une présence animale auprès des malades remonte au XIXème siècle, à Gheel, en Belgique.

La période médiévale et la période de l’inquisition ont ensuite éloigné les animaux des services de soins.

A partir des années 1950, l’évolution de la médecine et des normes sanitaires a progressivement conduit à ne plus laisser les animaux au contact des malades. Il faut attendre les années 1970 pour observer un regain d’intérêt pour la présence animale dans les soins, notamment psychiques.

Aujourd’hui, l’expression « médiation animale  » se diffuse de plus en plus dans les pays francophones. Dans cette perspective, l’activité de médiation animale correspond à la « recherche des interactions positives issues de la mise en relation intentionnelle homme-animal dans les domaines éducatif, thérapeutique, ou social  » (Fondation Sommer, 2018).
Cette terminologie place l’animal en tant que partenaire dans la relation entre le bénéficiaire et l’intervenant. D’une relation duelle, la relation devient triangulaire du fait de la présence de l’animal.
Il en découle 2 impératifs :
  • la formation de l’animal afin qu’il puisse interagir de manière adaptées et la plus sécurisée possible par rapport au bénéficiaire;
  • la capacité de l’intervenant à s’adapter et à réagir tant aux besoins et comportements de son animal de médiation qu’aux besoins et comportements du (ou des) bénéficiaire(s) rencontré(s).
C’est aussi une reconnaissance  « métier » inscrit au répertoire national des certifications professionnelles avec un code de déontologie, un cadre juridique nécessaire pour l’animal, un cadre de démarche qualité ainsi qu’une formation professionnelle continue et de spécialisation.

Les fondamentaux de la médiation animale

1. Une relation triadique :

Selon Véronique SERVAIS (Psychologue, professeur en anthropologie de la communication à l’Université de Liège en Belgique) la médiation par l’animal, va permettre de travailler divers aspects : thérapeutiques, sociaux, pédagogiques, éducatifs, moteurs et cognitifs, par le biais d’une relation construite avec l’animal. Elle permet à un professionnel de rentrer dans une relation de confiance avec son bénéficiaire. Celui-ci pourra travailler son mieux-être grâce au rapport du vivant. Ce lien est basé sur le principe de la relation triadique établit par Véronique Servais repris dans le schéma suivant :

Chaque lien de cette relation est importante pour que la relation soit une base référente du travail effectué. La mise en relation homme-animal doit être intentionnelle, et nous devons rechercher quelles sont les interactions positives issues de cette mise en relation.
Une attention sera particulièrement portée sur le choix du ou des « référents », des personnes qui connaissent le public ainsi que leur pathologie. Il sera d’autant plus indispensable qu’il fera un retour des séances dans le cadre de son équipe pluridisciplinaire. Il pourra être un éducateur précis, un infirmier, un psychologue par exemple…. Il est un membre de l’établissement et donc connaît le public auquel il s’adresse, la présence de l’intervenant et de l’animal n’est pertinente qu’en sa présence simultanée. En effet, seuls les membres de l’équipe sont en mesure d’apporter un regard professionnel sur l’activité mise en place et sur son intérêt pour le bénéficiaire. Le référent s’assurera que les bénéficiaires n’ont pas de pathologie contre-indiquant la présence de l’animal (allergie, immunodéficience sévère), de ne pas avoir peur de l’animal et être volontaire pour participer à l’activité. Le référent va également nous orienter sur les canaux sensoriels préférés du bénéficiaire. Le nombre de référent dépend du nombre de personne durant la séance.
Le triangle va donc être basé entre l’intervenant qui dispose d’un référent, le ou les participant(s) et l’animal. Le plus important des liens est celui entre l’animal et l’intervenant. Le lien construit entre ces deux entités va impacter directement le participant. Un équilibre se construit.
La médiation par l’animal est la plus impactante lorsque les séances sont récurrentes et présente un suivi régulier mesurant l’évolution par des comptes-rendus de séances. C’est donc bien une relation d’aide.

L’apport de l’animal par exemple le cheval s’effectue sur le plan de l’émotion, du relationnel, du psychisme, du sensoriel et par un travail sur les postures en rééducation fonctionnelle.
L’intervenant en médiation par l’animal connaît les capacités et les limites de son animal pour orienter, seul ou avec l’appui d’un spécialiste de l’animal, sa pratique lors des séances.

2. Le cycle du contact :

Chaque séance de médiation par l’animal est encadrée par le cycle du contact, faisant partie de la Gestalt-thérapie, une approche thérapeutique centrée sur l’interaction constante de l’être humain avec son environnement.
Le terme allemand, “Gestalt” se traduit par “prendre forme”, “s’organiser” et “se construire”. Lors d’une séance nous pouvons construire une activité en rapport avec chaque phase.

Le pré-contact permet majoritairement de préparer l’arrivée de l’animal médiateur.

La boucle d’engagement va permettre au participant de s’engager dans la démarche en incluant l’animal.

Le plein-contact quant à lui, est le moment de rapport direct et constant avec l’animal.

Il s’en suit la boucle de désengagement où le participant comprend que la séance arrive à son terme et qu’il doit se désengager par lui-même de l’animal pour éviter la frustration de la rupture.

La séance se termine par l’ancrage, par un retour à la réalité, en revenant sur la séance passée ou en préparant la suivante. Ce cycle, souvent associé à une temporalité précise, permet de rassurer les participants.

3. L’attachement :

Un attachement à l’animal va se mettre en place car celui-ci va devenir un repère, un médiateur qui va le rassurer, l’apaiser. De ce processus, il en découlera l’institution de liens sociaux positifs. Ce catalyseur qu’est l’animal, va permettre par sa simple présence, de jouer un rôle entier, condition essentielle pour tous.

Les différents séances en médiation animale

  • Les séances découvertes

Les séances découvertes sont des séances ayant pour but d’amorcer un travail individualisé dit en programme.
Ces séances permettent de définir les objectifs individuels pour chacun des bénéficiaires avec le référent du groupe (professionnel de l’établissement), dans le but de proposer un travail sur le moyen et long terme. Le référent est celui qui suivra le programme et les personnes bénéficiant du programme. Le référent est présent lors des séances.Les séances peuvent accueillir 4-5 personnes maximum afin que le travail mis en place soit de qualité et qu’elles répondent aux objectifs individuels.
Les objectifs pour les séances de découverte sont :
– Repérer les besoins pour les bénéficiaires préalablement définis avec le référent ;
– Permettre aux bénéficiaires et au référent de voir si le programme est envisageable avec les personnes présentes ;
– Démarrer le travail pour la mise en place d’un programme.Au moins 1 séance de découverte est préférable avant le démarrage du programme.
  • Les séances programmes

Les séances programmes ont des orientations différentes en fonction de ce que nous mettrons en place avec le public.
Les orientations peuvent être sociales, éducatives, et/ou thérapeutiques. Les objectifs sont multiples dans le cadre des séances programmes, il conviendra ensuite d’établir des objectifs individuels pour chacune des personnes présentes avec le référent. Le référent doit donc rester le même tout au long du programme.Les objectifs sont variés, en voici quelques exemples :
– Favoriser les interactions entre les personnes présentes pendant la séance de programme ;
– Favoriser la confiance en soi, la confiance en l’Autre ;
– Restaurer une image de soi en s’occupant d’un animal, en lui dispensant les soins ;
– Se découvrir ou se redécouvrir en tant que personne à part entière ;
– Développer l’autonomie, la prise d’initiative, le laisser-faire afin de faire ses propres expériences ;
– Apprendre à se respecter et à respecter les autres ;
– Développer la motricité et la motricité fine ;
– Stimuler la mémoire ;
– Passer un moment privilégié avec un animal et prendre du plaisir ;
– Découvrir des animaux en abordant les domaines du soin, du nourrissage, du comportement…On peut mettre en place une séance programme après une séance découverte.
Le travail en séance programme doit être abordé par l’institution comme un travail en équipe pluridisciplinaire. L’intervenant en médiation mettra en place tous les moyens nécessaires afin de réaliser les objectifs individuels posés. Une évaluation est réalisée après chaque séance, et un bilan est rédigé avec ce réfèrent à la fin de chaque programme.

Les séances d’animation

Les séances d’animation sont des séances ponctuelles qui peuvent être mensuelles, trimestrielles ou semestrielles. En général, elles durent en moyenne une heure. Elles diffèrent des séances thérapeutiques (programme) en ne fixant pas d’autres objectifs que le bien-être ou un travail pédagogique  (écoles). Il s’agit d’avantage d’une méthode préventive à visée récréative. On insiste sur la dimension ludique et de plaisir.

L’activité cheval de l’IME La Bourguette se différencie des autres activités de médiation animale des autres centres équestres « traditionnels » , parce que, à la Bourguette, les équidés vivent dans des conditions proches de leur habitat naturel, dans des parcs ombragés, en troupeau.
Nous avons 6 animaux : 2 poneys, 2 ânesses et 2 chevaux éduqués et entraînés pour le travail demandé. Les enfants doivent s’en occuper quotidiennement c’est-à-dire les nourrir, s’assurer qu’ils ont de l’eau propre à disposition et qu’ils ne souffrent d’aucun manque de soin même pas le manque de liberté car ils évoluent sur une superficie de 2 hectares.

Le projet institutionnel fait référence à 2 principaux axes de travail de cet atelier :
1) le respect des règles de bonnes conduites et de sécurité,
2) le respect de l’autre : animal et humain.

L’objectif est d’aider les enfants à s’inscrire  dans la relation à leur environnement, en y trouvant les possibilités de développer leurs capacités d’entrer en relation avec les autres, d’apprendre et de créer.

DÉROULEMENT DE LA SÉANCE PROGRAMME :

Le premier contact avec les animaux se fait par la distribution de leur nourriture c’est-à-dire le foin et l’apport de céréales. Les enfants et les intervenantes rentrent dans leur parc à ce moment là, et nous leur laissons le temps de regarder les chevaux alors immobiles manger. Nous commentons parfois les relations qui unissent un cheval à un autre lorsqu’ils se déplacent. Nous nous posons ensemble dans la colline où ils vivent.

Le deuxième contact avec le cheval se fait par le pansage. Le fait de brosser le cheval  permet aux enfants d’avoir un contact très rapproché et leur permet de reconnaître et d’apprivoiser leur peur en s’appuyant sur la présence et la parole des éducatrices spécialisées  en médiation par l’animal.

  • Le pansage :

toucher et sensibilisation au corps du cheval, mémorisation de séquences d’actions avec divers matériels, adaptation aux réactions du cheval…

A l’aide de licols, nous emmenons les ânesses à la barre d’attache et dispensons  tous les soins nécessaires telles que brossage du poil du corps et de la tête et le curage des sabots. Les enfants regardent souvent en détail toutes les parties anatomiques que nous nommons. Nous encourageons la libre interaction entre les animaux et et les  jeunes tant que cela reste dans le respect et la non violence.

S’en suit plusieurs ateliers tels que le travail à pieds et/ou le temps de monte

  • A pied :

Pour apprendre à communiquer avec le cheval en liberté (dans la carrière) ou tenu à la petite  longe (imitation, guidage), observer de plus près le cheval afin d’en comprendre son langage non-verbal et ajuster son propre corps en se déplaçant avec lui (émotions, attention, prise en compte de son espace).

  • A cheval :

Pour apprendre la motricité globale et fine, le repérage spatiale avec parfois l’utilisation de pictogrammes, apprendre à anticiper des mouvements, apprendre des séquences gestuelles latéralisées,pour  libérer et exprimer ses ressentis quand c’est possible, aborder le travail kinesthésique et proprioceptif, et bien entendu le respect de règles.

En fin de séance ou à la séance suivante, nous mettons en perspective et faisons un retour sur ce qui a été vécu, par tout moyen verbal ou non-verbal (dessin, gestuelle, makaton).

Auteur : Sandra DE FALCO, monitrice éducatrice, BP JEPS mention tourisme équestre, BFEEH module mental, chargée de projet en médiation par l’animal.

Fondation Adrienne et Pierre SOMMER
SIPME (Syndicat Interprofessionnel des Pratriciens de la Médiation Equine)
GEFA (Groupement Équestre de France et d’Ailleurs)