Le confinement, comme dans tous les secteurs, a modifié brutalement les habitudes de travail dans l’univers médico-social.
Les enfants et adolescents atteints de pathologies diverses TED, autismes, multi ou polyhandicaps ne pouvant plus être accueillis dans les institutions, très vite le travail s’est réorganisé, grâce à l’appui et en collaboration étroite avec les directions des établissements (et leurs chefs de service) ainsi que les directions des associations .
Pédiatre en institution depuis de nombreuses années, je vais parler ici de 2 établissements de notre département auxquels je suis attachée (Le Pôle Ressource Petite Enfance le Petit Jardin Association La Bourguette, et L’Institut St Ange Association Fouque) tous 2 situés à Montfavet .
Il est certain que les autres établissements ont été confrontés aux mêmes questionnements et ont déployé tout autant d’efforts.
Pour les médecins, les équipes paramédicales et éducatives, travaillant en institution s’est très vite imposée la nécessité de maintenir une continuité de soins et de liens.
Dans un premier temps l’urgence fut de maintenir le lien avec les enfants et leurs familles ou lieux de vie.
Cela s’est fait par des appels téléphoniques, puis afin de structurer les journées confinées de mettre en place des activités.
En fonction de leur âge, de leur projet de soin, les enfants ont reçu un programme personnalisé quotidien (pédagogique, ludique ou créatif , sportif :yoga, relaxation). Des jeux collectifs QUIZZ ou des moments de partage institutionnel (photos de déguisement en ligne pour le carnaval)ont eu lieu.
Pour les plus jeunes du Petit jardin ont été organisées des animations en visio conférences (comptines , Yoga Shiatsu), ou en ligne à consulter à tout moment (contes)(avec une forte implication).
Dans les 2 établissements, des café-parents ont réuni des familles autour de certains thèmes.
Ces diverses animations ont été l’œuvre de tous, personnel soignant éducatif et rééducatif.
Le confinement à domicile trop difficile dans certains cas.
L’internat de l’Institut St Ange s’est donc rapidement organisé pour accueillir par petites unités ces enfants (y compris d’autres établissements) en confinement 24h/24 7 jours/7 avec un roulement de personnel (éducatif, personnel de cuisine et des services généraux)
Le lien entre professionnels pour assurer la continuité des soins et mettre en place des stratégies d’intervention parfois à domicile ou en consultation dans les établissements.
De façon hebdomadaire, des réunions cliniques avec les médecins ,psychologues, personnel éducatif, soignant et rééducatif ont permis d’assurer ce suivi (avec des informations recensées détaillées recueillies par les référents des familles).
Le Lien avec les autres établissements
En particulier, pour les situations complexes quand le confinement a dû se faire au sein de l’internat.
Le lien avec les partenaires du travail social
En particulier ASE, PMI, Service Pédopsychiatrie hospitalier (Dr C. Bonnauron) s’est renforcé.
Nous les médecins travaillant au cœur de ces institutions sommes heureux et fiers de souligner l’engagement, la disponibilité, l’adaptabilité, et la créativité dont a fait preuve l’ensemble des personnels, chacun à leur place(le personnel administratif jouant un rôle essentiel ).
La pluridisciplinarité et le travail auprès des familles ont été véritablement à l’œuvre durant toutes ces semaines.
J’ai d’autant plus de facilité à souligner le travail de mes consœurs et confrères (les Docteurs E. Charmet, D.Chazerans, H.Rouveyrollis, C.Sixou) que je suis sur le banc de touche du fait d’une fracture !
Reste aujourd’hui à relever le défi de la réouverture progressive après le 11 mai.
Le champ des interrogations est ouvert, quand, comment et quels enfants accueillir en priorité ? Comment maintenir le travail avec ceux qui resteront chez eux ?
Actuellement de nombreux groupes de travail, des réunions médicales, des réunions cadres ont lieu, chacun travaillant à la mise en place de protocoles. Pour être au plus près des recommandations, de l’hygiène, du respect dans la mesure du possible des gestes barrières auprès de cette population d’enfants et d’adolescents particulière.
Comment assurer la protection des personnels (tenues, masques, visières…)et des enfants et adolescents accueillis en communiquant les mesures adoptées aux familles et autres institutions ?
Repenser les circuits dans l’institution, les transports, l’accueil, … Nous travaillons en sachant qu’il nous faudra sans cesse adapter les mesures prises face aux nouvelles connaissances sur l’épidémie, les réactions des enfants et questionner régulièrement les protocoles envisagés une fois confrontés à la réalité.
Nous espérons tous que les liens plus étroitement tissés entre établissements et avec les partenaires perdureront.
Auteur: Dr M. LIMONGIELLO-DELRIEUX, Pédiatre – Petit Jardin